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  le blog du café repaire de Metz

Idée initiale de Daniel Mermet dans son émission "là-bas si j'y suis", le café-repaire est un lieu de débat citoyen, il en existe plusieurs dizaines en France (et ailleurs) ; les participants, sur un thème donné, échangent des points de vue, des infos, des idées,... - - * * * * * - - Le café repaire de Metz a été créé le 6 mai 2006 et mis en sommeil depuis le 6 juillet 2019 après donc 13 ans et 3 mois d'existence. - - * * * * * - - Mise en sommeil provisoire ou définitive ? L'avenir le dira !

C R 6 avril 2015: "Le travail nuit gravement à la santé"

Publié le 12 Avril 2015 par les amis du café repaire de Metz

Le débat commence par le témoignage rapporté d'une personne ayant observé l'évolution de son entreprise entre les années 70 et les années 90 - jusque dans la deuxième partie des années 90, les accidents n'étaient dûs qu'à des machines, puis, après restructuration en 1995 où le nombre de personnels est passé de 1000 à 280, il a été constaté un mal-être allant jusqu'à la dépression, l'alcoolisme,... ce qui a engendré de nombreux arrêts pour maladie.

Ce type d'évolution peut semblablement être constaté dans l'ensemble du monde salarial.

Sur les 1 500 décès liés au travail (moyenne annuelle), environ un tiers est dû à des accidents, un tiers à des maladies professionnelles (statistiques de 2013 que l'on peut consulter sur internet) et un tiers est imputable aux suicides causés par le stress du "toujours plus" exigé par les méthodes "modernes" de management.
En effet, même si des statistiques sur les suicides dûs au travail n'existent pas en France, il est estimé que 400 à 500 des 10 000 à 12 000 suicides annuels ont un motif lié à la profession. Estimation que l'on peut raisonnablement penser plutôt minorée qu'exagérée : les entreprises font tout pour que le suicide de leurs personnels ne leur soient pas associé.

Quelqu'un ajoute que parmi les maladies professionnelles, par exemple, ne sont pas inclus les cancers dont il est maintenant médicalement prouvé qu'ils peuvent se déclencher à cause du travail de nuit qui, paradoxalement, augmente malgré la baisse des emplois industriels.

Le travail devient également une source de mal-être parce qu'il devient de plus en plus précaire, instable, dangereux. Le nombre d'intérimaires augmente - même les CDI ont une durée qui se raccourcit.

Les fruits du travail salarié profitent de moins en moins au salariat ; c'est l'actionnariat qui en récupère une part de plus en plus grande. Or, le principe de l'actionnariat exige des résultats à court terme - cet état de fait a des conséquences destructrices sur la société qui ne peut se construire bien que sur le long terme.


Pourquoi travaille-t-on ? Un tour de table pour répondre à cette question fait ressortir le motif principal : avoir un revenu, donc une certaine indépendance ; les autres motivations étant "pour avoir une occupation, une activité", "pour se sentir utile", "par vocation",... [Personne, évidemment, n'a répondu : "pour être en souffrance", "pour subir une invaladition, un handicap", "pour en mourir d'accident ou d'une maladie associée ou d'épuisement ou de détresse" - c'est pourtant trop souvent ce qui arrive].

Comment se défendre ? Syndicats, fédérations, médecine du travail, conseil de Prud'hommes, coopératives, ... [Hélas ! Les récentes lois Macron détricotent méthodiquement les CHSCT, les conseils de Prud'Hommes, ..., restreignent le pouvoir des médecins du travail - les conditions de travail se dégradent et les travailleurs sont de moins en moins protégés et ont de moins en moins de possibilités de se défendre.]

L’origine du mot travail vient du latin tripalium, qui était un instrument de torture à trois pieux. [Le verbe travailler vient du latin populaire tripaliãre, qui signifie torturer avec le tripalium. Dans la Grèce antique, seul le travail agricole était parfois valorisé. En général, il fut réservé aux esclaves dans la plupart des civilisations jusqu’à l’ère industrielle du XIXème siècle. Au Moyen Age, les lettrés méprisent le travail agricole et tout ce qui n’est pas intellectuel. Les clercs et les chevaliers considèrent ceux qui travaillent comme inférieurs. La corvée était d’ailleurs le travail obligatoire gratuit dû par les paysans à leur seigneur, d’où sa signification actuelle : une corvée est bien une tâche obligatoire déplaisante.]
Depuis l'ère industrielle, on veut faire croire (pour mieux aliéner ?), dès l'enfance, à l'école devenue une "fabrique de salariés soumis", que le travail est une valeur assimilée à un devoir noble et moral... tout en déclarant, paradoxalement, qu'il a un "coût" (pour mieux culpabiliser et faire accepter des conditions de travail de plus en plus contraignantes et des salaires insuffisants ?).

On sait que la "novlangue" est une technique efficace de manipulation des masses...publicité, marketting, influence des médias "chiens de garde", ... y contribuent largement.
C'est certainement une des raisons d'absence de réactions et du peu de révolte des salariés dans les entreprises, les administrations. La crainte de perdre son emploi est une autre de ses raisons. L'esprit de compétition exacerbé, l'individualisation sournoisement encouragée, tout cela n'arrange rien. On pense à La Boétie et à la "servitude volontaire".

Dans l'état actuel des choses, le travail est trop souvent une contrainte dont on ne tire aucune reconnaissance, ce dont tout être humain a besoin, bien plus qu'encore et encore plus d'argent comme, par exemple, le réclame la majorité des actionnaires.

Le monde du travail est devenu une guerre permanente, non seulement celle avec la hiérarchie, mais aussi celle, fratricide et souvent pire, entre les employés.

Quelqu'un propose la désertion, la politique de "la crosse en l'air" : refuser de participer à cette guerre, choisir de ne pas avoir un emploi salarié.

C'est le choix qu'ont fait certaines personnes présentes : même si leurs revenus sont faibles, ils vivent en accord avec eux-mêmes, sans ressenti de manque quelconque et pratiquent des activités diverses épanouissantes et souvent utiles socialement, jamais nuisibles, alors que certains emplois salariés le sont.
D'autres objectent qu'il est plus difficile, voire impossible, de faire ce choix quand on a des enfants.
Par ailleurs, certaines professions indispensables (médecins, maçons,...) souffrent du manque de travailleurs.

Il est nécessaire de "penser autrement" : transmettre un autre modèle de société aux enfants, déconnecter l'emploi du vital, se former en continu, ne pas être enfermé dans une case, ne pas se cantonner à un seul métier, être en mesure de refuser ce qui est nuisible à l'intérêt général...

C'est ce qui pourrait être rendu possible grâce à l'instauration d'un revenu de base inconditionnel et suffisant ?

Conclusion qui annonce justement le prochain thème déjà prévu du café-repaire (RV le 6 mai à 6h de l'AM, au café "Le Shanon" - venez nombreux).

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Comme d'habitude, le débat s'est terminé par des annonces de conférences, débats, manifestations diverses à noter dans les agendas de chacun dont l'hommage rendu aux victimes du travail le 1er mai, pour la cinquième année consécutive, dans le but d'instaurer une nouvelle tradition : celle d'honorer annuellement, dans toutes les communes, ces morts-là autant que le sont les morts des guerres chaque 11 novembre."

Merci à Miha, qui a rédigé ce compte rendu, et pour son analyse et son esprit de synthèse .

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