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  le blog du café repaire de Metz

Idée initiale de Daniel Mermet dans son émission "là-bas si j'y suis", le café-repaire est un lieu de débat citoyen, il en existe plusieurs dizaines en France (et ailleurs) ; les participants, sur un thème donné, échangent des points de vue, des infos, des idées,... - - * * * * * - - Le café repaire de Metz a été créé le 6 mai 2006 et mis en sommeil depuis le 6 juillet 2019 après donc 13 ans et 3 mois d'existence. - - * * * * * - - Mise en sommeil provisoire ou définitive ? L'avenir le dira !

le R.V. du mois de décembre 2015

Publié le 8 Décembre 2015 par leRepaire in le rendez-vous du mois

Des personnes à la rue...plus de 7 000 logements vides - dysfonctionnement des services publics ?

Des personnes à la rue...plus de 7 000 logements vides - dysfonctionnement des services publics ?

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Thème : le Droit Au logement –

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Les conditions n'étaient pas réunies pour débattre sereinement : le bar Le Shannon étant fermé, nous nous sommes retrouvés au bar O'Carol'An dans une ambiance très bruyante, l'arrière salle où nous aurions pu nous installer ayant été investie par un groupe de joueurs de billard et de fléchettes.

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Même si ceux qui s'exprimaient faisaient l'effort de parler fort, les autres personnes devaient tendre l'oreille pour comprendre. Nous n'avons pas tenu longtemps dans ces conditions.

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Deux personnes ont pu témoigner de leur implication dans l'aide aux mal logés ou aux non logés ; les autres participants se sont très peu exprimés, voire pas du tout.

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Le collectif mosellan de lutte contre la misère est, pour le département de la Moselle, l'équivalent du collectif Droit Au Logement parisien. Concernant le logement, le slogan de ce collectif est :

I comme Immédiat, C comme Continu et I comme inconditionnel.

https://www.facebook.com/Collectif-Mosellan-de-Lutte-contre-la-Mis%C3%A8re-892917590801382/

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Un de ses membres, présent au débat, le définit comme une entité de pression obligeant tout simplement les pouvoirs publics à appliquer la loi.

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Car le droit à un logement décent (droit d'existence) est inscrit dans la déclaration des droits de l'Homme, repris par la constitution française et ses conditions d'application définies par la loi.

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Même si les statistiques prouvent que le pourcentage des mal logés et des sans logis baisse (13% en 1978 – 7,2 % en 2000), il reste encore des personnes dans la rue en France : c'est un déni des droits de l'Homme, un mépris de la constitution française, un manquement à la loi.

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Par exemple, la loi oblige les communes à mettre à disposition un quota de logements dits sociaux.

Là, une question se pose : pourquoi l'obligation d'en construire alors que tant de logements existants sont vides ? (Il y a une part non négligeable de logements sociaux parmi ceux sans occupants). Dans certains cas, ce serait parce qu'ils sont trop anciens et devenus insalubres... alors, pourquoi ne pas les réhabiliter plutôt que d'en construire des neufs ?

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La loi de 1945 prévoit également la réquisition par le préfet de logements vides pour y installer des personnes sans logis ou mal logés. Elle est rarement employée car.... «administrativement longue et difficile à mettre en œuvre» (!!!).

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Un dispositif d'hébergement d'urgence existe. Il faut bien garder en tête que cela ne peut être que du provisoire court car ces hébergements ne permettent pas de vivre décemment ; ils sont même souvent refusés par des sans logis car ils n'y sont pas en sécurité.

Les employés en charge de ces hébergements d'urgence sont débordées, en sous-effectif, non formées.

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Une des personnes présentes, bénévole à Habitat et Humanisme, apporte son témoignage.

Habitat et Humanisme dont le siège est à Lyon est ce que l'on appelle une AVIS : Agence à Vocation Immobilière Sociale. Elle fonctionne comme une association caritative.

Plutôt que l'hébergement d'urgence, son but est d'aider à la réinsertion d'exclus de la société en les logeant dans un environnement à mixité sociale.

http://www.rhonealpes.fr/471-habitat-humanisme-immobilier-solidaire.htm

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Les logements mis à disposition sont privés. Une assurance permet de compenser les éventuels non paiements de loyer.

Lorsque la demande dépasse les possibilités de l'association, les sans logis sont dirigés vers l'hébergement d'urgence, le 115.

À Metz, succursale de Nancy, seul un bureau est ouvert.

http://www.habitat-humanisme.org/lorraine-sud/accueil

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Nous avons donc là deux façons de tenter de pallier le fléau qu'est le «mal logement» ou le «sans logement» :

Un – obliger les pouvoirs publics de se donner les moyens d'appliquer les lois – façon «solidarité», donc

Deux – intervenir via des dons essentiellement privés – façon «charité», donc

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Selon un intervenant, cette seconde façon d'œuvrer n'est pas la bonne. C'est une manière de gérer la pauvreté plutôt que de la combattre.

Phrases extraites d'un texte du collectif mosellan de lutte contre la misère :

«Depuis la loi contre les exclusions de 1998, l'ambition de notre pays est d'éradiquer la grande pauvreté et non de la gérer»

«Don de nourriture, hébergement d'urgence, … le risque est grand de réduire le traitement de la misère à une affaire de distribution.» … et la majorité de nos concitoyens de penser que la situation est maîtrisée et «qu'au fond, il n'y a aucun scandale à ce que certains vivent dans des conditions que, pourtant, AUCUN d'eux, JAMAIS, n'accepteraient

Pire ! Plutôt que de combattre la misère, les pouvoirs publics s'en prennent aux miséreux.

Une enquête sur le terrain, faite en 2002 par de simples citoyens, rapporte que les sans logis se plaignent de la répression policière, d'être harcelés par les forces de l'ordre, contrôlés de nombreuses fois.

Un arrêté municipal anti-mendicité, par exemple, n'est-il pas un comble d'injustice ?

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Quelqu'un s'étonne, au sujet de dons de nourriture, que c'est aux clients d'hypermarchés que la banque alimentaire demande de participer à sa collecte– cela permet à ces grandes entreprises d'augmenter encore leurs bénéfices, un comble !

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Un service public du logement, comme il existe un service public de la santé serait bien utile ; cela permettrait enfin une coordination entre toutes les organisations luttant contre le mal ou le non logement et éparpillées un peu partout.

[Parfois, ce sont les propriétaires qui peuvent se trouver en difficulté à cause de locataires dans l'impossibilité ou le refus de payer un loyer. Témoignage indirect : une personne louant un appartement afin d'arrondir sa pension de retraite et dont la locataire n'a payé aucun loyer pendant environ quatre ans. Pour des causes que seule la personne directement concernée pourrait expliciter, le logement n'a pu être évacué qu'après toutes ces années et dans un état déplorable. La propriétaire en est psychologiquement malade et doit encore faire faire des travaux de réhabilitation difficiles à assumer financièrement.]

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À Lille, un ancien SDF, a trouvé une recette pour loger des sans-logis :

«faire valoir leurs droits, trouver un propriétaire qui joue le jeu, puis, une fois la personne installée dans son appartement, faire la demande d’un logement social. «Le passage par le parc privé est une passerelle vers le parc social», explique-t-il, en rappelant qu’à Lille, le temps d’attente avant d’obtenir un logement social est, en moyenne, de 13 mois

http://www.bastamag.net/A-Lille-les-ex-SDF-relogent-les-SDF

Le Collectif Mosellan de lutte contre la misère a réussi à faire instaurer une obligation d'enquête avant que de procéder à une expulsion. Et il s'avère que, dans certains cas, la situation pouvait s'arranger d'une autre manière.

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Personne ne devrait être exclu. Les droits de l'Homme s'appliquent à tous, étrangers compris.

Nos citoyens ne sont pas aussi racistes qu'on veut nous le faire croire ; à ce propos, voir comment 50 soudanais ont bien été accueillis dans un village de 500 habitants (égale donc 10% de la population!). Ces mosellans se sont simplement souvenus qu'ils ont aussi été des réfugiés quand ils ont fui à l'arrivée des nazis lors de la deuxième guerre mondiale (eux ou leurs parents et grand-parents). Cela s'est passé à Arry, non loin de Metz et a fait l'objet d'un reportage de France Culture, relayé par Médiapart.

C'est sur cette note d'espoir que va se clore le débat.

Rendez-vous au prochain café-repaire !

Un Rendez-Vous à signaler : tous les vendredis, à 13h, devant le cinéma Palace, distribution de soupe chaude – chacun peut venir participer à cette distribution et/ou apporter des vêtements ou toute autre chose pouvant être utile à des personnes à la rue.

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Un article faisant état de 31 000 enfants dans la rue en France :

http://www.humanite.fr/le-scandale-invisible-des-enfants-la-rue-591244

Souvent, les ayant-droits renoncent tellement les démarches administratives sont contraignantes et intrusives :

http://blog.monolecte.fr/post/2015/12/02/principe-dinsincerite

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M
Communiqué du Collectif mosellan de lutte contre la misère,<br /> 24 décembre 2015<br /> <br /> La ville de Metz vient d’être condamnée à appliquer la loi obligeant une commune à héberger toute personne à la rue se trouvant sur son territoire.<br /> C’est une première en France qui vaudra jurisprudence.<br /> Durant l’été 2013, et sur la base de l’article L 511-2 du Code de l’Action sociale et des familles, 4 personnes d’origine étrangère à la rue avaient demandé par écrit au maire de Metz un hébergement. Le maire de Metz avait rejeté leur demande par lettres des 30 juillet et 22 août 2013 au motif que le texte invoqué ne concernait que les français et pas les étrangers.<br /> Saisie par le collectif, la Commission départementale d’aide sociale de la Moselle avait déclaré, par décision du 11 septembre 2014, sans objet ce recours du collectif au prétexte que les personnes avaient été hébergées après être restés plusieurs semaines dans la rue.<br /> Le collectif avait alors saisi en appel la Commission centrale d’aide sociale, dépendant du ministère de la Santé.<br /> Le 17 novembre 2015, la Commission centrale d’aide sociale, présidée par Monsieur BELORGEY, au nom du peuple français, a décidé d’annuler l’ensemble des décisions de rejet de la mairie de Metz et de la Commission départementale d’aide sociale de la Moselle.<br /> Le même jugement déclare que « la République mande et ordonne à la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes et à tous les huissiers à ce requis en ce qui concerne les voies de droit commun contre les parties privés, de pourvoir à l’exécution de la présente décision ».<br /> Le collectif se félicite, au nom de tous les sans abris laissés pour compte dehors, d’où qu’ils viennent, de voir établiE pour la première fois en France une jurisprudence rendant obligatoire dans les faits et la pratique l’hébergement de toute personne à la rue, française ou étrangère, sur la base de l’article L 511-2 du Code de l’action sociale et des familles.<br /> Désormais, il faut savoir et faire savoir que ce texte, assez méconnu et jamais vraiment appliqué, rejette toute idée de préférence nationale. En effet, l’actuel maire de Metz, Dominique Gros, avait déclaré en juin 2008 à une délégation du collectif reçue en son bureau que cette disposition légale, émanant d’une loi du 17 janvier 2002 « ne concernait que les Français »<br /> La justice vient de donner raison au collectif.<br /> Aujourd’hui encore à Metz comme ailleurs, des personnes vivent dehors, dans le plus grand dénuement. Compte tenu de l’extrême précarité de ces personnes, le collectif exige immédiatement l’application de cette loi en s’appuyant sur le jugement qui vient d’être rendu le 17 novembre 2015.
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M
Une vidéo qui va dans le sens "c'est aux pouvoirs publics de remédier à la misère et non pas aux organisations privées" :<br /> https://www.youtube.com/watch?v=HLlEFYssN0g
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